Le littoral sud des Calanques entre Mont-Rose et Callelongue a connu une intense activité industrielle aux XIXᵉ et XXᵉ siècles avec du traitement de minerais de plomb, de la production de soude et d’acide tartrique notamment. Les randonneurs connaissent (et évitent) ces dépôts de scories. Les concentrations en métaux et métalloïdes notamment en plomb et en arsenic ont été mesurées et ces dépôts constituent encore aujourd’hui une menace pour l’environnement, via leur dispersion (envols de poussières, ruissellement et transfert à la mer par érosion…, et pour la santé des personnes qui résident ou fréquentent ce secteur habité et touristique.
Ces risques, pour les enfants et les adultes, ont été établis depuis longtemps par l’Institut national de veille sanitaire (INVS) qui a réalisé en 2005 une étude de santé publique. Des actions sanitaires préventives ont été mises en place et quelques travaux de délimitation de zones interdites ou des confortements de talus ont été réalisés. Il a fallu dix ans depuis que le diagnostic a été établi pour que les travaux se concrétisent. Le site des Calanques a été classé en 1975, c’est un site Natura 2000 et le Parc national des Calanques a été créé en 2012. Le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) avait alors conditionné le classement à condition que les pollutions du littoral sud soient traitées.
Nous y sommes : 20 dépôts de scories ont été identifiés. Ils sont selon l’Ademe « les dépôts les plus accessibles avec des concentrations en métaux élevées, présentant un risque élevé d’exposition et de transfert de pollution. »
Il a fallu aligner les planètes pour lancer ces chantiers : les collectivités locales cofinancent la réalisation des travaux estimés par la préfecture à 14 millions d’euros. Le Conseil départemental 13 est propriétaire d’une partie des parcelles concernées par les travaux, la Ville de Marseille est responsable des administrés et garante de la salubrité publique et la Métropole Aix-Marseille Provence est gestionnaire des infrastructures routières et co-porteuse du contrat de Baie avec la Ville. L’État intervient comme donneur d’ordre. L’Ademe est missionnée par arrêté préfectoral pour assurer la maîtrise d’ouvrage de l’intervention. Les différents services de l’État (DREAL, DDTM, ARS, Parc national des Calanques) sont associés à la conception, la réalisation et au suivi de cette intervention.
En parallèle, la pression judiciaire s’est accentuée pour accélérer la dépollution. Le préfet avait ainsi pris acte le 23 décembre dernier de la décision du tribunal administratif qui avait confirmé le 16 décembre 2024 la nécessité de réaliser des travaux de mise en sécurité des dépôts de scories.
Routes des Goudes : une approche au cas par cas
Dans le cadre des études d’avant-projet, plusieurs solutions de réaménagement ont été étudiées pour chaque dépôt, en identifiant pour chaque scénario les avantages et inconvénients, et en prenant notamment en compte les contraintes environnementales, d’insertion paysagère et technique. Chacun des 20 dépôts fera l’objet d’un mode de traitement au cas par cas qui résulte du consensus obtenu après prise en compte des différents enjeux du projet. « Toutes les alternatives techniques financièrement soutenables, plaide l’Ademe, ont été envisagées pour la mise en sécurité de ces dépôts de scories. Seules les solutions arrêtées à l’issue de la phase projet permettent aujourd’hui de concilier de manière réaliste les enjeux sanitaires, d’insertion paysagère et de préservation de la biodiversité ».
Objectif de l’opération globale : « couper les voies de transferts des polluants et supprimer le risque d’exposition des personnes aux polluants contenus dans les dépôts de scories (plomb et arsenic notamment) ». Deux principes de mise en sécurité des dépôts de scories ont été retenus : soit l’évacuation totale ou partielle des dépôts, soit le confinement au moyen d’ouvrages pérennes.
Calanques : deux campagnes de travaux en hiver
« Le programme de travaux porte sur 20 dépôts massifs, confie à Gomet’, Melody Gros, chef de projets sites et sols pollués Sitésol à l’Ademe, qui seront traités sur deux périodes hivernales de septembre à mars. Lors de la phase travaux, des installations de chantier (zones de stockage de matériel et engins) et « base vie » seront mises en place sur les parkings du littoral, entre Saména et Callelongue, pour les besoins du chantier. »
« Nous sommes actuellement, précise Melody Gros en phase d’analyse des offres pour la sélection des entreprises de travaux ». À l’exception de la maîtrise d’ouvrage réalisée par l’Ademe et son service spécialisé, Sitésol basé place Jules Guesde, le service de sécurisation et reconversion des friches polluées, toutes les autres missions de l’intervention font l’objet de prestations passées à des entreprises privées : travaux, maîtrise d’œuvre, surveillance de la qualité de l’air, contrôles techniques… Une surveillance continue de la qualité de l’air sera réalisée pendant les travaux. Vivement 2027 !
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